Néons
Absurde
….Il arrive que les décors s'écroulent. Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d'usine, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, le « pourquoi » s'élève et tout commence dans cette lassitude teintée d'étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l'éveille et elle provoque la suite. La suite, c'est le retour inconscient dans la chaîne, ou c'est l'éveil définitif. Au bout de l'éveil vient, avec le temps, la conséquence: suicide ou rétablissement. En soi, la lassitude a quelque chose d'écoeurant. Ici, je dois conclure qu'elle est bonne. Car tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle. Ces remarques n'ont rien d'original. Mais elles sont évidentes : cela suffit pour un temps, à l'occasion d'une reconnaissance sommaire dans les origines de l'absurde. Le simple « souci » est à l'origine de tout. De même et pour tous les jours d'une vie sans éclat, le temps nous porte. Mais un moment vient toujours où il faut le porter. Nous vivons sur l'avenir : « demain », « plus tard », « quand tu auras une situation», « avec l'âge tu comprendras ». Ces inconséquences sont admirables, car enfin il s'agit de mourir. Un jour vient pourtant et l'homme constate ou dit qu'il a trente ans. Il affirme ainsi sa jeunesse. Mais du même coup, il se situe par rapport au temps. Il y prend sa place. Il reconnaît qu'il est à un certain moment d'une courbe qu'il confesse devoir parcourir. Il appartient au temps et, à cette horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi. Demain, il souhaitait demain, quand tout lui-même aurait dû s'y refuser. Cette révolte de la chair, c'est l'absurde….
A.Camus le Mythe de Sisyphe, 1942.
Nada
À propos de la pièce "Nada" réalisée en Cristal (verre de Murano) ultra violet.
"Révolté contre Dieu, au nom du mal, Francisco de Goya oppose aux clartés néoclassiques l'obscurité des "désastres de la guerre".
Avec "Nada. Ello dira," ll affirme l'absence de toute trancendance.
Un cadavre tient dans sa main décharnée le message qu'il nous adresse depuis l'outre-monde : "Nada", il n'y a rien.
Derrière ce messager de la mort, des figures grotesques grimacent; devant elle, surgie de l'obscur, une balance brinquebalante qui n'est déjà plus celle de Saint Michel, mais qui est encore celle du bien et du mal, nouvelle horloge de notre destin, ultime enjeu d'un monde privé de la loi divine.
Ce sont les mêmes conséquences entrevues par Dostoïevski en 1880 qui firent s'exclamer au père Karamasov :
"Mais qu'est ce que c'est l'homme, après ça ? Sans Dieu, je veux dire, et sans vie future ? Parce que, donc, alors, maintenant, tout est permis, on peut tout faire ? "
Catalogue "Trace du sacré" centre Georges Pompidou 2008 commissaires Jean de Loisy, Angela Lampe, Alfred Pacquement.
Le "mot" "Nada" est réalisé en cristal ( verre de Murano), il est librement inspiré de la gravure de Francisco de Goya "Nada. Ello dira".
J'ai trouvé deux traductions française de ce titre.
Nada. Ello dira : "Rien. On verra bien"
-----------------------: "Rien. C'est ce qu'il dira"
La pièce Nada est installée dans une pièce entièrement noire, (murs peints en noir mat et fenêtres occultées).
La perception que l'on a alors de l'espace du fait de la lumière noire est totalement transformée, le moindre matériau blanc ou synthétique clair réfléchit la lumière ultra violet d'une façon intense.
Nous évoluons dans un espace transformé par les rayons UV, sorte "d'outre" lieu (au delà de, du fait de la longueur du spectre des rayons UV lumineux de l'oeuvre "Nada".
Ce travail fait suite à la pièce en néon "absurde" reflexion à propos du livre le 'Mythe de Sisyphe' d'Albert Camus, et de la série de dessins intitulés "Suite Salve Reginna".
Christian Garrier 210313.